La raison historique, c'est que la fête se veut au départ une forme simple et spontanée de dévotion religieuse : après avoir reporté l'inauguration d'une statue de la Vierge en raison d'une inondation, le 8 décembre 1852 les lyonnais craignent de devoir la renvoyer à nouveau à cause du mauvais temps ; mais l'orage passé, et pour exprimer leur bonheur et leur gratitude, les citadins exposeront sur le bord de leurs fenêtres des bougies allumées, ou lumignons, éclairant maisons et rues. Avec la statue de la Vierge, une tradition naîtra ce jour, se perpétue aujourd'hui et a créé un sens d'appartenance et une fierté des habitants. Pour la plupart des lyonnais, il s'agit de l'évènement majeur de l'année, et la période à laquelle on invite en ville amis ou parents.
« Notre objectif n'est pas d'expérimenter », explique Zurawik, « et nous ne voulons pas que les gens passent à côté d'une œuvre sans comprendre tout de suite ce dont il s'agit ». Cette idée ne traduit pas un manque de considération pour le goût et pour l'intuition des visiteurs, mais pose un regard pragmatique axé sur leur expérience : si la fête a lieu chaque année aux alentours du 8 décembre, on sait bien qu'ils ne peuvent rester immobiles plus de quelques minutes à regarder une œuvre le soir ; et si une œuvre a une composante interactive - comme une partie de flipper projetée sur un bâtiment, dit Zurawik - elle doit pouvoir être appréciée de tout le monde, et pas seulement tour à tour par les personnes qui la manipulent.
Un exemple d'installation capable de surprendre, toucher et amuser la plupart, issue des archives du festival, est
La veilleuse des Jacobins de Christophe Mayer et Digiplay Studios, un énorme abat-jour construit au-dessus de la fontaine, place des Jacobins, lors de l'édition 2014, sur le pare-lumière duquel étaient projetées des images de lunes, comètes, cœurs, fusées et petits moutons, dans un style qui renvoyait aux dessins de l’enfance. Zurawik la mentionne justement pour son immédiateté et son pouvoir évocateur.