Dans la première strophe de
Il tramonto della luna, la lueur du paysage nocturne puis l'obscurité sont hautes en signification poétique. « La lumière argentée de la lune », explique Fenoglio, « qui disparaît laisse le monde dénué de sens et d'espoir ». Le passage de la clarté lunaire à l'obscurité se traduit en ces vers :
Scende la luna; e si scolora il mondo;
Spariscon l’ombre, ed una
Oscurità la valle e il monte imbruna;
Orba la notte resta,
E cantando, con mesta melodia,
L’estremo albor della fuggente luce,
Che dianzi gli fu duce,
Saluta il carrettier dalla sua via;
Tal si dilegua, e tale
Lascia l’età mortale
La giovinezza.
« Le soleil dans sa vigueur est moins présent », continue Fenoglio, « et tout au plus sa lumière est filtrée, non directe, incertaine ou empêchée, comme dans le cas de
Il sogno où les rayons s'insinuent « entre les volets fermés » de la chambre du poète. Ou comme dans
La vita solitaria, où les rayons étincelants du soleil se fraient un chemin dans la pluie matinale ».
C'est à se demander si Leopardi ne s'inspire pas directement d'un artiste. Mais nous savons peu de choses des peintures préférées de Leopardi, explique Fenoglio, « les réflexions sur la musique sont plus nombreuses ». En compensation, nous pouvons essayer d'assembler quelques pièces pour faire des hypothèses sensées. Par exemple,
L’annunciazione de Lorenzo Lotto est conservée à Recanati, rappelle Fenoglio, et elle ajoute : « il m'a toujours semblé qu'elle puisse être une référence d'une certaine importance pour Leopardi, pour sa capacité de mettre en scène une beauté qui effraie, dont le
Zibaldone parle à partir de Montesquieu ».